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 Espoir insensé || Ft Lysanderos

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Chiloel Rosylvan

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Echanson du Ciel

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MessageSujet: Espoir insensé || Ft Lysanderos    Espoir insensé || Ft Lysanderos  EmptyMar 15 Jan - 23:43


« Espoir insensé »
Lyssanderos & Chiloel

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Il n'avait jamais cherché à compter les jours qui s'étaient écoulés depuis sa captivité, encore moins les mois. La saison avait-elle changé ? Il ne préférait pas savoir. Mais il savait bien sûr, il avait vu la neige qui avait maculé pendant longtemps le sol fondre et disparaître. Neige, un mot qu'il ne connaissait pas avant. Ils n'avaient pas ça, au Ciel, des saisons aussi extrêmes et violentes, là-bas tout était douceur et sérénité. Mais ici, rien n'était comme avant. Les fruits étaient insipide, comparés à la fraîcheur des vergers angéliques, le ciel jamais clair, les habitants rustres et vulgaires, et surtout l'attente longue. Trop longue. Il était dans une sorte de statu-quo insupportable, et pourtant il tenait bon, sans savoir s'il préférait prolonger cette attente ou y mettre fin. Il ne supportait plus d'être au milieu des autres anges lui rappelant sans cesse sa condition nouvelle d'esclave, d'être considéré comme de la marchandise par le marchand démon et même une marchandise précieuse car il était encore … pur. Il avait été horrifié lorsqu'il s'était aperçu que certains anges sacrifiaient si facilement leur pureté aux démons, des déchus donc. Mais il n'y avait pas de mot pour décrire son état lorsqu'il avait compris que les démons pouvaient tout aussi bien arracher cette pureté de force. Jamais de lui-même il n'aurait pu croire que ces vils créatures pouvaient venir chercher sans consentement l’innocence des anges, avec tant de félonies et de violence. Et pourtant. Pourtant il avait constaté, auprès des autres déchus passant par la boutique, que les démons ne faisaient pas de manière pour … outrager les anges.

Après avoir compris et intégré cette idée, il avait fait ce que les démons appelaient une dépression. Lui ne connaissait pas le terme, les anges au Ciel après tout n'en avait pas l'utilité. Il était resté catatonique, apathique, refusant de manger et de boire tout en sachant que se sustenter servirait les desseins des démons au final. Mammon avait du le renvoyer au café des oiseaux, auprès de Brimur, pour le remettre d'aplomb. Il en était ressortit renouvelé, mais brûlant d'un nouvel objectif : s'enfuir. Lorsqu'il en avait parlé aux autres petits anges l'entourant à la boutique, ils s'étaient éparpillés comme une nuée de papillon. D'après eux, il ne pouvait pas réussir, mais simplement s'attirer des ennuis qu'il devait plutôt éviter. Quitte à être sous le joug des démons, autant se faciliter l'existence était l'adage de ceux qui s'accrochaient à ses ailes les soirs de désespoir. Mais Chiloel ne pouvait pas baisser les bras. S'il avait eu accès à ses pouvoirs, cadeaux du Père, il aurait pu mettre hors-service très rapidement le collier, il en était sûr. Mais sans pouvoir, il avait du se contenter de triturer l'appareil, à deux doigts de réussir sans jamais y arriver. Jusqu'à revoir Uriel.

L'archange préférait ne pas s'attarder sur cette pensée, au risque de trop souffrir. Le séraphin, son précepteur, condamné à la déchéance, errant dans les profondeurs des Enfers. Et dans cet immensité, il l'avait retrouvé. Peu importe ses croyances et ses ailes noires, il l'avait aidé. Pendant qu'il faisait son possible pour distraire le vendeur, il avait discrètement usé de magie pour casser ce qu'il restait du collier. L'Archange avait été impressionné de voir qu'il pouvait encore user de magie ! D'un coup de doigt agile, il avait injecté un petit courant d’électricité dans l'appareil, histoire de faire croire qu'il fonctionnait toujours, et Uriel était partit. Pas sans lui donner des instructions, dans un angélique chuchoté et rapide, et maintenant il était prêt. Ce n'était pas le moment de la journée que lui aurait choisit, au grand jour et non sous le couvert de la nuit, mais c'était sûrement le choix le plus raisonnable. Après tout, il serait plus facile de dissimuler sa pureté dans une foule où chacun devrait chercher avant de le localiser, plutôt que dans la nuit où tous le localiserait sans peine. Quels étaient les chances pour que tout se passe bien ? Il préférait ne pas y penser, où abattement le saisirait à nouveau. L'échappée était très certainement voué à l'échec, mais il ne pouvait pas rester là sans rien faire quand une ouverture se présentait à lui. Il préférait garder l'espoir, même insensé, que tout pouvait bien se passer.

Une fois le collier retiré, tout se déroula en fait très vite. Telle une ombre sinueuse, l'archange se faufila dans la boutique, retenant sa respiration. Les petits démons gardant l'échoppe semblait dormir, comme promis : assurés que les anges ne puissent échapper au collier et au vendeur en pleine journée, ils ne gardaient que leur sommeil durant les jours. La nuit devait être bien différente.  Il avait attrapé au passage un lourd tissu pourpre qui pendait aux fenêtres de la salle de repos des anges, un rideau dont il ne comprenait pas l'utilité puisqu'il n'était jamais fermé pour tout laisser voir aux passants d'eux, et s'en était drapé pour cacher les longues ailes bleutées repliées dans son dos. Il aurait pu tenter de s'envoler au-dessus de la ville, mais même lui avait conscience que ce n'était que folie : il aurait aussitôt été repéré et tué, voir capturé à nouveau. Un frisson ébouriffa ses ailes, qu'il lissa rapidement du plat de la main. Il n'avait pas le temps pour penser, il devait agir, suivre le plan, et rapidement. Il était sorti sans encombre de la boutique, atteignant presque aussitôt  l'entrée de service, du moins croyait-il. Les alarmes n'étaient pas toutes bruyantes et dérangeantes. L'archange, qui n'en avait pas conscience, respirait enfin l'air libre depuis des jours. Lui qui pensait être soulagé dehors fut bien embêté. Tout était lourd, et chaud, collant à sa peau et oppressant ses poumons d'une brûlure infernale. Était-ce donc ça, les feux de l'Enfers ? Il ne voyait aucune flamme aux alentours, seulement l'air trouble et les passants tous légèrement habillés. C'était donc à cause de cette chaleur qu'ils étaient aussi peu vêtu ? Était-ce là leur version du printemps ? Quelle torture !

Il s'était mis en marche, essayant de coller au plan, mais il semblait suffoquer dans la ruelle, et la rue était bien pire. Il se mêla presque facilement aux passants, presque si l'on oubliait la pureté qui dégageait à plein nez et faisait retourné sur son passage tout les démons comme les déchus. Pourtant, aucun ne semblait vouloir l'arrêter. Était-ce sa chance ? Peut-être avait-il trop confiance dans leur système, et pensant un ange incapable de s'enfuir. Peut-être le pensait-il envoyé en mission par un … maître, et donc déjà esclave.  Peu importe, c'était véritablement sa chance. Le cœur battant, il apercevait son précepteur devant lui, non loin, mais suffisamment pour qu'on ne les voit pas ensemble. Il distinguait sans mal sa longue chevelure noir, assorti désormais à ses ailes. L'espoir faisait maintenant battre son cœur, aussi rapidement que le pas qu'il menait. Lorsque soudain, des cris. Cela aurait pu être autre chose, en rapport avec un problème en ville, une ville de démon après tout. Cela aurait pu être normal, dans un quartier dédié à l'esclavage. Et pourtant, pourtant Chiloel savait que c'était pour lui. Cela ne l’empêcha pas de jeter un coup d’œil derrière lui, et d'apercevoir les démons courir, poussant les gens qui marchaient dans la rue, à la recherche de quelque chose. Et manifestement, ils ne cherchaient ni un démon, ni un déchu, puisqu'ils repoussaient systématiquement ces gens-là. Ils le cherchaient, lui. La panique courait déjà suffisamment dans ses veines, mais le pire n'était semble-t-il pas encore aperçu. Le pire, ce fut de voir le vendeur, le démon Mammon, marcher au milieu de ce chaos, analysant les passants de son regard or. Le cherchant. C'est peut-être cela, qui le fit paniquer, et perdre toute rationalité. Il avait peur, terriblement peur, et c'était le coup de fouet qui manquait pour lui faire oublier tout plan, tout prévention, et simplement courir. Courir, aussi loin que possible, loin des démons et du vendeur d'ange, loin de la captivité, courir pour la liberté. Il était encore si loin de la sortie de la ville. Seul injonction qui résonnait encore en lui, ne pas voler. Voler, c'est mourir. Voler, c'est être capturer. Alors ses pieds le portent, même s'il n'est pas fait pour la course, ses poumons aspirent le plus d'air possible, plus qu'ils n'en ont jamais eu, et son cœur bat plus vite qu'il ne l'a jamais fait. Tout pour s'enfuir, tout pour leur échapper. Les a-t-il semé ?

Chiloel est dans une ruelle, et personne ne semble être autour de lui. Il a du mal à respirer, sa cage thoracique est trop petite pour laisser passer autant d'air, sa tête tourne drôlement, ou est-ce le monde autour de lui ? L'archange se sait condamné, et pourtant il veut y croire. Le tissu pourpre, qui l'encombre de sa lourdeur et sa chaleur, glisse de ses épaules, révélant ses glorieuses ailes ébouriffées, aussi pur que lui, de la même teintes que ses yeux en plus diluées sur ses plumes, quatre ailes qui ne pardonne pas de leur signification. Pureté, ange, esclave. Il voit Uriel, de l'autre coté de la ruelle, qui l'attend, qui s'inquiète. Il se sait condamné. Il ne peut pas le laisser être punis pour l'avoir aider, il doit avoir bien assez de problème comme ça. Combien de règles a-t-il enfreint ? « Va-t-en » lui dit-il en angélique, en essayant de ne pas crier pour ne pas le ralentir. « Va-t-en Uriel, avant de te faire prendre par ma faute. Je n'y survivrais qu'en te sachant sauf, pars ! » C'est peut-être cela, qui le convainc de partir. La vérité de sa voix, la vérité de leur langue pure, qui lui hurle de partir, car si le séraphin est capturé par sa faute, alors tout sera perdu pour lui, et il ne pourra s'en remettre. Chiloel se sait condamné.

Alors Chiloel se retrouve seul, un drap pourpre à ses pieds, les ailes ébouriffées. Il tente de reprendre sa respirations, avancent de quelques pas, un pied devant l'autre, l'espoir toujours au corps, l'espoir si insensé de pouvoir s'échapper. Qui pourrait encore y croire, à part ce pauvre archange ? Perdu, encore au sein même de l'impasse aux esclaves, en plein jour, les démons de la boutique à sa recherche. Ce n'est qu'une question d'heures, ou plutôt de minutes. Malgré ses poumons en feu, il tente de courir à nouveau, forçant tout son être à bouger, à tenter de courir derrière le séraphin. Il trottine misérablement, faiblement, épuisé.

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Dernière édition par Chiloel Rosylvan le Dim 3 Fév - 23:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Espoir insensé || Ft Lysanderos    Espoir insensé || Ft Lysanderos  EmptyMar 22 Jan - 0:51

Mon frère ne semblait pas se montrer plus jaloux que cela de mon titre de général. Enfin, il y avait eu une sorte de désintérêt progressif de sa part vis-à-vis de mon statut. Et cela ne me plaisait guère. J’étais enfin meilleur que lui, je lui étais supérieur, et… il ne semblait pas plus dérangé par ce fait que cela. Au contraire, il semblait plutôt assuré, presque comme s’il était persuadé qu’il ne tarderait pas à trouver un moyen de me dominer de nouveau. Et je ne comptais pas le laisser faire.

J’avais observé l’entraînement de mon fils aujourd’hui, m’étais assuré qu’il soit le moins possible seul – ou laissé en compagnie de Kishranshar. Je doutais que mon frère porte de l’affection pour son neveu ; le connaissant, il n’hésiterait pas à trouver un moyen de se débarrasser de mon seul héritier. Peut-être devrais-je offrir à Doshrasach un animal de compagnie qui serait capable de l’aider à se défendre et resterait à ses côtés. Un familier. L’idée me plaisait… Et j’avais en tête l’animal parfait. Une panthère des marais. Farouche, vif, et dangereux. Son dressage sera certainement difficile, mais cela me permettrait de m’assurer de la sécurité de Doshrasach une fois qu’elle serait matée. Oui, décidément, l’idée me plaisait.

J’avais donc quitté le manoir familial, non sans m’être assuré que mon fils était sous la surveillance de son précepteur. Je ne comptais de toute manière pas m’absenter bien longtemps, je pensais simplement me rendre auprès d’un éleveur pour me renseigner sur les tarifs pour l’achat d’une panthère des marais. Il me semblait avoir entendu parler d’un éleveur situé non loin de l’impasse aux esclaves, je comptais bien vérifier ces dires.

Mais ma promenade imprévue fut interrompue lorsque je perçus une aura bien particulière. J’arrêtais ma monture pour descendre de selle, la laissant me suivre alors que je cherchais l’origine de l’aura. Un ange pur seul était une vision plutôt rare, autant en profiter pour aller le taquiner un peu, même s’il avait très probablement déjà un maître. Mais je pouvais bien aller lui ébouriffer un peu les ailes… Et, si je ne me trompais pas, l’aura que je sentais plus loin, faiblement… Uriel ? Une coïncidence, sans doute… Non, puisque j’entendis l’ange encore pur prononcer son nom, quoiqu’il lui parlait en angélique. Une connaissance du déchu ? Je devais aller voir cela de plus près, bien plus près...

Je ne m’attendais cependant pas à ce que, alors que je tournais au coin d’un mur pour m’engager dans une ruelle, il me tombe dans les bras d’une manière plutôt littérale. Bon, me heurte de plein fouet et ne manque de tomber au sol. J’eus tout juste le réflexe de le rattraper pour le soutenir contre moi et lui éviter une chute – et éviter la mienne.

Difficile de manquer son air affolé. Ébouriffé – je n’avais visiblement rien à faire pour qu’il le soit déjà -, échevelé, à bout de souffle, ce fut surtout son regard qui me plût. Les prunelles bleues qui se posèrent sur moi, sur mon visage souriant, amusé de la situation, contre lui qui semblait perdu, confus peut-être, sans doute de s’être trouvé face à un obstacle.

« Eh bien, qu’avons-nous là ? Un petit oiseau qui ne semble pas faire très attention à son environnement... »

Il paraissait tellement faible, fragile, surtout fatigué, que je laissai mon bras passé en travers de son dos afin de le soutenir. Simplement par bonté d’âme.

« Ne t’en fais donc pas, je ne tiendrai pas rigueur de ton manque d’attention. Je suis plutôt d’humeur magnanime en cet instant. Dis-moi, accepterai-tu de me tenir compagnie quelques instants ? Pour te faire pardonner de m’avoir bousculé. »

Un ange, sans surveillance, pur, sans collier… J’étais, bien sûr, sur mes gardes, je me doutais qu’il ne comptait pas se laisser faire et se défendrait, mais… Kishranshar ne possédait pas d’ange. Et si Uriel apprenait que je possédais l’une de ses connaissances, l’un de ses amis, sans doutes…

Cette journée s’était soudain bien adoucie.
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MessageSujet: Re: Espoir insensé || Ft Lysanderos    Espoir insensé || Ft Lysanderos  EmptyLun 4 Fév - 0:34


« Espoir insensé »
Lyssanderos & Chiloel

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Ses pieds tentent de reprendre un peu de vitesse, de faire vivre encore un peu cet espoir insensé alors que la fin se rapproche, et il fait de moins en moins attention à ce qui l'entoure. Il n'y a que l'autre coté qui compte, cette sortie de ruelle qui ressemble à un trou de lumière pour lui. Il cherche à suivre la voie du séraphin, retrouver sa trace, et l'autre coté du pavement semble le nouveau paradis à atteindre. Pourtant, il n'y a pas que cela. Au-delà de la ruelle, d'autres rues l'attendent, des démons, leurs serviteurs et les anges qu'ils ont soumis, les quartiers peuplés et les limites de la ville, le Styx qu'il faudrait traverser et les ennuis qui continueraient. Mais Chiloel n'y pense pas. Il n'a à l'esprit que cette première étape, parce qu'il n'arrive pas à envisager au-delà. Cela serait trop douloureux, puisqu'au final il sait. Il sait pertinemment qu'il ne pourra jamais aller plus loin, pas aujourd'hui en tout cas. Du moins, il le sait inconsciemment, quelque part en lui-même, puisque là il n'y a que courir qui compte. Ses pieds raclent le sol, abandonnent le rideau pourpre derrière lui, une main suivant la ligne du mur pour se donner une direction. Mais sans savoir vraiment comment, il parvenait à avancer, encore pas après pas. Un instinct de survie presque cheviller au corps semblait s'accrocher à lui, le poussant à aller toujours plus loin alors qu'il pensait s’effondrer après chaque effort.

Et pourtant, Chiloel continuait, toujours debout malgré la peur qui voudrait le paralyser, toujours en mouvement, malgré son corps qui lui hurlait de s'arrêter, il continuait malgré tout et était prêt à poursuivre ainsi jusqu'au bord du Styx, dans cet état précaire, à la limite entre l'effondrement et la dernière poussée d'adrénaline. Il y croyait si fort, avec tant de foi et de conviction, que le miracle s'accomplissait sous ses pieds, et il commençait à reprendre des forces à la simple idée qu'il pouvait véritablement y arriver, se sortir de là et rejoindre son ancien précepteur. La sortie de la ruelle l'accueillit comme les bras d'une mère trouvant son enfant, prête à le porter vers de nouveaux horizons, et la lumière qui s'en dégageait après la pénombre noirâtre de la ruelle l'éblouis presque, lui qui était pourtant habitué aux éclats de la lumière dans le ciel. Mais ici, tout était différent, et l'obscurité rampante prenait facilement le pas sur la clarté, aveuglant presque l'archange lorsqu'il changeait trop brusquement d’environnement. Ses yeux se plissèrent presque automatiquement sur son visage pâle, une main tentant de protéger son regard en faisant obstacle, sans jamais s'arrêter de courir toutefois ;

Et le pire arriva. Un choc, une rencontre contre un corps qui n'aurait pas du se retrouver là, et l'arrêt total de ses mouvements, comme une machine que l'on aurait éteinte d'une simple pression. Finit le tambourin rythmé créer par ses pieds martelant le sol, finit le souffle contrôlé pour suivre sa fuite, finit enfin l'espoir insensé brûlant dans sa poitrine. Il se heurte contre l'étranger, sa respiration se coupe et s’alourdit, tentant de reprendre un peu de cet air étouffant des enfers. Son corps ne fuse plus à une vitesse régulière, ses cheveux qui volaient au vent retombent en un amas blanc sur ses épaules, emmêlés et sauvages, la panique reprend peu à peu ses droits sur son corps. Il n'a après tout pas besoin de regard, pas besoin d'observer pour savoir ce qui l'a stopper dans sa course folle. Il le sait, il le sent, l'aura imposante qui l'encadre et le cerne de sa noirceur et de sa déchéance. Alors que le jeune ange allait tomber suite à cette rencontre, la main qui s'était refermée sur lui avait comme traverser le mince tissu qui le recouvrait de sa chaleur, une presque torture pour la fraîcheur naturelle de Chiloel, au moins égale à la difficulté de se sentir toucher par l'une de ces créatures, d'être retenu contre lui par la force d'une main puissante et grande, bien plus que lui. Quelle chose étrange, dans ce monde du bas, que de se sentir minuscule face aux démons, lui qui était pourtant dans une petite moyenne au Ciel.

Sa tête s'était cognée contre l'autre, et il s'écarta au maximum pour observer celui qui venait de mettre fin à tout. Le pourpre, ce violet si sombre, semblait s'être répandu sur le corps du démon comme une eau visqueuse, s'attachant à tout ce qu'il pouvait tenter. Comme cette couleur lui semblait étrange, aussi douce que sombre, à mi-chemin de la nuit démone et de la clarté de l'aube rosé. Un visage long, au front marqué d'un œil comme dessiné à même la peau, et un sourire écartant la bouche de l'homme. Les prunelles bleues se fixèrent un instant dans un regard aussi pourpre que le rideau qu'il avait perdu dans sa fuite, et y restèrent piégés. La panique, rampante dans son esprit, n'était plus très loin, affleurant son esprit comme une bête rodant dans les fourrés.

Le tout jeune archange ne se sentait toujours pas familiariser avec cette manie qu'avait les démons de l'appeler oiseau, avec ce ton dans leur voix qui marquait un sentiment peu flatteur, à la fois moqueur et pourtant curieux pour un petit être qu'il observerait, comme un volatile coincé dans une cage. En fait, il comprenait tout à fait la comparaison, mais il ne s'y faisait pas. Il aurait pourtant pu s'attacher à elle, qui n'appréciait pas ces animaux ? Ils étaient aussi libre que l'air, volant de leurs plumes dans le ciel et chantant le changement des saisons. Mais de la bouche des démons, cela sonnait mal, et étrange. Un bras, brûlant de la chaleur, se glissa dans son dos, s'installant sous ses ailes comme pour le soutenir. Mais pourquoi ferait-il cela ? Un frisson désagréable parcourut son corps, heureusement qu'il n'avait pas tenté de toucher ou même d’effleurer ses plumes ! A son grand bonheur – il lui en fallait peu – personne n'avait tenté de porter atteinte à cette intimité, du moins pas sans autorisation. Les douces mains des autres anges étaient toléraient ou bienvenue dans la boutique, mais les démons ne l'avaient jamais été et le respectaient. Ou bien s'en fichaient-ils ? Peu importe, personne n'y avait touché, et c'était le principal. Mais avec cet inconnu, sans le cadre au final rassurant du salon de la boutique, tout devenait possible à son grand désarroi. Tout son corps était tendu, sans trop oser bouger. A moins que cela ne soit la fatigue qui l'immobilisait ainsi de son choc, lui qui n'avait jamais eu l'habitude des grands efforts physiques, et encore moins dernièrement. Le soutien en tout cas était presque bienvenue, car la tension qui le parcourait semblait la seule chose qui maintenait encore ses muscles en place.

Il ne savait en tout cas pas quoi penser de ce démon-ci. Il était très poli, autant en fait que Mammon, mais dans un autre genre. Mais le bras qui le retenait contre lui et sa chaleur étourdissante semblait comme un poids pour Chiloel, malgré son soutien. Il resta silencieux, le temps que la proposition ne progresse dans son esprit, et qu'il en analyse son contenu. Il avait appris cela, à force de se méprendre sur les paroles des démons à son encontre qui ne semblaient jamais vouloir vraiment dire ce qu'ils voulaient, les mots toujours trompeurs et ambiguë, loin de la réalité. Il y a quelques mois, il aurait pu accepter une telle proposition, surtout en voyant miroiter une possibilité de couverture contre les autres démons et la promesse sous-entendu de le laisser tranquille, au bout de ces quelques instants. Mais tenir compagnie semblait souvent vouloir dire autre chose dans ce monde si différent du sien, une définition plus sombre et sale, souvent accompagné des rires gras des petits démons se moquant de lui, lorsqu'il attendait dans la salle de repos des anges à vendre. Se faire pardonner, c'était aussi l'une de ces notions qu'il ne comprenait pas bien, mais qu'il avait bien enregistré comme quelque chose à ne surtout pas faire.

Le corps tendu se durci davantage, la peur marquant ses traits habituellement doux et détendus. L'archange se tortilla entre le bras et le corps de l'autre, cherchant clairement à se dégager, et étrangement le démon le laissa faire, relâchant l'étreinte. Il respira aussitôt mieux, un peu plus loin de la présence étouffante, et il tenta de reprendre contenance. Du plat de la main, Chiloel lissa grossièrement ses plumes, donnant une apparence globalement moins ébouriffée à son apparence, bien que vouloir redevenir totalement normal soit peine perdue. Néanmoins, cet automatisme qu'il avait acquis depuis sa descente ici semblait le suivre dans chaque situation de stress rencontrée, et elles étaient nombreuses. Il recula encore d'un pas, mettant une distance plus raisonnable avec le démon aux couleurs violettes, soufflant pour reprendre son souffle heurtée par la course, puis par la rencontre imprévue. « Je … Je ne préfère pas. Non. Merci ». Les mots, encore lourd sur sa langue, glissaient pourtant avec une plus grande facilité qu'aux premiers jours. S'il avait toujours su parler la langue commune, il ne l'avait utilisé que rarement durant ses 407 années d'existence, et il ne parlait qu'elle à présent, du moins le plus souvent. Ainsi, il avait acquis une quasi-aisance à l'employer presque toujours en premier, les phrases marquées encore par u léger accent angélique qu'il n'avait jamais su atténuer, et pourquoi cela après tout. « Je ne préfère pas ». Un frisson parcouru son corps à la pensée de ce que pouvait impliquer d'accepter une telle proposition faite par un démon. Il ne voulait pas finir comme les autres esclaves, même si tel était son sort dans la boutique. Mais c'était bien pour cela qu'il tentait de s'échapper, avec l'heureuse aide d'Uriel. Jusqu'à maintenant. Le frisson redressa à nouveau ses plumes, redonnant cet aspect presque négligée, ou affolée, au pauvre archange qui décide ment ne semblait pas pouvoir se départir de cette apparence.

Son regard aussi bleue que le Ciel glissa sur le coté, se détournant du démon face à lui. Il était presque sûr que son ancien précepteur était partie vers la droite. Devait-il tentée tout de même de le suivre, ou bien était-il de toute façon perdue ? En s'éloignant du séraphin, il pouvait attirer l'attention ailleurs, lui permettant de partir sans encombre ni question dérangeante. Mais c'était alors accepter l'idée d'abandonner, et l'espoir tenace de son âme lui interdisait cela. Son regard revint sur l'autre. Le démon. Allait-il le laisser tranquille ? Chiloel commença, sans jamais lui tourner le dos, à se diriger sur la droite, sortant de la ruelle pour une autre ruelle, tout aussi peu fréquentée. « Je suis sincèrement navrée de vous avoir bousculer. Ce n'était pas mon intention. Je vais repartir à présent. », toujours cette politesse qui transparaissait dans sa voix tremblante, comme si cela pouvait aider. Comme si le démon pouvait le laisser tranquille, lui l'ange en liberté dans cette ville de prison. Il semblait vraiment petit, à coté du démon, arrivant à peine à hauteur de son torse, sa tête effleurant le bas de son visage. La respiration lourde, il tentait de croire à sa liberté pacifique. Pourtant, le bout de ses doigts étaient prêt à agir. Il ressentait l'électricité ambiante avec une nette perfection, ce qui le changeait agréablement de la coupure faite par son collier. Pouvait-il voir des marques laissées par ce dernier ? Il espérait que non. Il était prêt à agir en tout cas. Du moins il l'espérait.

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